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Russell Ord
Russell Ord
A propos
Sur le chemin qui l'a mené à devenir un photographe internationalement reconnu, Russell Ord a pointé son objectif sur une multitude de sujets. Il a fait toutes les couvertures de magazines avec les plus grands surfers tout comme il a contribué à la célébrité de grands chefs cuisiniers, parcouru l’Outback australien en compagnie de rangers Uunguu, sauté d’île en île tropicale, sans oublier de suivre son instinct photographique à travers les jungles urbaines. Mais ce qui a construit sa légende, ce sont ses images de l’océan, évoquant à la fois la puissance et la majesté. Elles ont fait de lui l'un des meilleurs photographes de surf au monde !
Les mots de l’auteur
Si je demeure un chroniqueur sagace et passionné des humeurs de l’océan, je considère qu’évoluer et se diversifier sont les clés d’une carrière photographique longue et stimulante. J'ai désormais ajouté à mon travail des histoires passionnantes d’hommes et de femmes, des photographies pour les plus grandes marques, ainsi qu'une production pour le tourisme australien. J'aime aussi passer du temps avec d'autres photographes et partager mes connaissances. Et ça marche dans les deux sens... Transmettre mon savoir m’inspire et me motive pour prendre mon appareil et shooter pour le plaisir.
Interview express
Wilder Wall : La photo surf & océan, c’est un art, le prolongement d’une passion, une bonne raison pour bouger ou être dans les vagues avec ses potes … ?
Russell Ord : La photographie de surf est cette partie de ma vie qui me procure un vrai sentiment de liberté. Je pense que tout le monde a besoin de cet "Happy spot" dans sa vie et l'océan est cet endroit pour moi. L'endroit où tu as tendance à penser plus clairement. J'ai beaucoup de chance que cela se soit devenu un emploi à temps plein pour moi... Il y a pire comme bureau !
Wilder Wall : Qu’est-ce qui t’a amené à la photo Outdoor ?
Russell : Je me suis blessé au genou en surfant (1999), alors au lieu de rester assis dans mon salon, j'ai pris un appareil photo et j'ai commencé à prendre des photos de mes potes (surf). La passion a grandi à partir de là. Le surf était devenu plutôt compétitif et avec beaucoup de monde sur l'eau. Donc être tous réunis sur le spot, avec ce sentiment de liberté car tu nages seul, était bien plus excitant que de se bousculer pour les vagues. La courbe d'apprentissage a été raide, surtout au début étant autodidacte et shootant en argentique. J'ai donc progressivement appris à maitriser mon boitier et j'ai surtout eu la chance d'avoir ces 20 années d'expérience dans l'océan et les vagues, dont j'ai toujours pensé que c'était la compétence la plus difficile à maîtriser finalement pour faire de bonnes photos de surf. En ce moment, tout s'est à nouveau inversé avec la plupart de mon temps passé dans l'océan à surfer, et occasionnellement je vais dans les vagues avec mon appareil photo.
Wilder Wall : C’est quoi la difficulté pour réaliser une bonne photo surf & océan ? Il y a souvent un vrai engagement physique et technique de la part du photographe, non ?
Russell : L'océan lui-même est le plus grand défi lorsqu'il s'agit de prendre des photos dans l'eau. Il m'oblige à remettre en question mes peurs et mes limites. Est-ce trop gros pour mon niveau de compétence, suis-je préparé mentalement et physiquement, quels sont les risques ? La liste des questionnements est interminable car l'océan est toujours une bête changeante. Tout le savoir-faire et l'expérience requis pour prendre ce type d'images est le fruit de nombreuses années de pratique... tant d'heures passées dans l'océan !
Wilder Wall : Ton instant photo préféré ? Une anecdote ? Une session un peu dingue ?
Russell : Mon regard sur la photo a complètement changé il y a dix ans, tout cela à cause d'un accident, une fraction de seconde de bêtise et du manque de respect pour l'océan. Le fait de quitter la mer des yeux pendant une fraction de seconde a entraîné une jambe cassée à deux endroits, un genou disloqué et sept heures de route pour me rendre à l'hôpital local. Je recommande fortement de ne pas prendre la soi-disant marge de sécurité pour acquis et de rester loin du point d'impact sur une vague de vingt pieds sur un jetski... et aussi de boire de grandes quantités d'alcool pour soulager la douleur... C'est une autre longue histoire.
En attendant le chirurgien, j'ai pris un célèbre magazine de photographie. "Les dix meilleures images d'animaux sauvages de l'année", titrait la couverture.
Chaque photographe y était interviewé sur l'histoire derrière l'image et sur la manière dont il avait capturé ses photos primées.
Quelle découverte ! Se cacher dans les arbres pendant des jours, éviter les grizzlis, l'hypothermie, l'épuisement sous la chaleur, les équipements perdus, trois ans de préparation... voilà seulement quelques-unes des difficultés que que le photographes avaient dû endurer.
L'image numéro un, d'après les juges, était une photo d'un tigre du Bengale quittant majestueusement un étang et dispersant l'eau tout autour de lui en secouant la tête. Le photographe l'avait capturé avec un obturateur lent (flou de vitesse), créant un anneau d'eau parfait autour du tigre tout en gardant le gros chat net. Comme beaucoup d'autres photos, c'était à couper le souffle.
Souhaitant en savoir plus sur cette image, je commence à lire l'article en profondeur. Je suis alors vite déçu et quelque peu offensé pour tous les autres photographes de ce concours. Comment attribuer la première place à une photo animalière prise dans un zoo ? Comment cette photo se compare-t-elle à toutes les difficultés que les autres photographes ont endurés pour réaliser leurs images en pleine nature avec des animaux sauvages ?
Cet article a changé ma façon de regarder et de considérer mon travail photographique. 99% de mon travail, en réalité, ne sont que des moments pris au temps. Au bon endroit au bon moment, pour ainsi dire ! Il manquait une histoire à cette image, un moment... Aucune autre difficulté ou compétence au-delà du matériel et du déclencheur. Je me suis imaginé en tant que photographe dans le zoo, sirotant une limonade sous un parasol en attendant le moment "facile". En tant que photographe de surf, je veux connaitre tous les composants de l'océan et y repousser mes limites. "Comment avez-vous fait cela ?" "Dans quelle position êtes-vous pour prendre l'image ?". Des questions et facteurs essentiels bien plus importants que l'image elle-même finalement.
Wilder Wall : As-tu un "Graal" photographique ? Tu le cherches, tu l'as trouvé ou approché ?
Russell : J'ai fait tout un voyage pour essayer d'obtenir un plan en particulier. Je vous invite à découvrir le film sur ma page auteur Wilder Wall.
Wilder Wall : Nous cherchons tous l'émerveillement. Ici sur la galerie, demain sur nos murs, toi dans l’objectif ! En quoi cet émerveillement peut être utile au monde ?
Russell : Pour faire rêver les gens de tous horizons et les inspirer émotionnellement, j'aime la connexion que procure l'océan. Mes choix les plus complexes ont été tellement facile lorsque j'étais entouré d'eau salée. C'est sans doute le cas pour beaucoup d'autres personnes, une forme de connexion avec la liberté. C'est tellement agréable d'avoir une œuvre d'art photographique sur votre mur que vous pouvez voir quotidiennement, comme un rappel de quelque chose de spécial.
Wilder Wall : Un dernier conseil pour améliorer notre relation à l’environnement, à la nature ?
Russell : Ces dernières années, j'ai essayé de travailler pour des marques et des entreprises avec une excellente responsabilité sociale et environnementale. Cela a été un vrai compromis c'est le moins qu'on puisse dire, parce qu'en fin de compte, le besoin de travailler l'a parfois emporté et j'ai accepté des projets que je n'aurai pas pris si j'avais pu m'en passer. Je lutte contre cela en compensant par des collaborations non rémunérées avec des organisations à but non lucratif qui ont un objectif et un message éco-responsable. C'est ma façon d'avoir un plus grand respect pour l'environnement dans lequel nous vivons.
Interview express
Wilder Wall : La photo surf & océan, c’est un art, le prolongement d’une passion, une bonne raison pour bouger ou être dans les vagues avec ses potes … ?
Russell Ord : La photographie de surf est cette partie de ma vie qui me procure un vrai sentiment de liberté. Je pense que tout le monde a besoin de cet "Happy spot" dans sa vie et l'océan est cet endroit pour moi. L'endroit où tu as tendance à penser plus clairement. J'ai beaucoup de chance que cela se soit devenu un emploi à temps plein pour moi... Il y a pire comme bureau !
Wilder Wall : Qu’est-ce qui t’a amené à la photo Outdoor ?
Russell : Je me suis blessé au genou en surfant (1999), alors au lieu de rester assis dans mon salon, j'ai pris un appareil photo et j'ai commencé à prendre des photos de mes potes (surf). La passion a grandi à partir de là. Le surf était devenu plutôt compétitif et avec beaucoup de monde sur l'eau. Donc être tous réunis sur le spot, avec ce sentiment de liberté car tu nages seul, était bien plus excitant que de se bousculer pour les vagues. La courbe d'apprentissage a été raide, surtout au début étant autodidacte et shootant en argentique. J'ai donc progressivement appris à maitriser mon boitier et j'ai surtout eu la chance d'avoir ces 20 années d'expérience dans l'océan et les vagues, dont j'ai toujours pensé que c'était la compétence la plus difficile à maîtriser finalement pour faire de bonnes photos de surf. En ce moment, tout s'est à nouveau inversé avec la plupart de mon temps passé dans l'océan à surfer, et occasionnellement je vais dans les vagues avec mon appareil photo.
Wilder Wall : C’est quoi la difficulté pour réaliser une bonne photo surf & océan ? Il y a souvent un vrai engagement physique et technique de la part du photographe, non ?
Russell : L'océan lui-même est le plus grand défi lorsqu'il s'agit de prendre des photos dans l'eau. Il m'oblige à remettre en question mes peurs et mes limites. Est-ce trop gros pour mon niveau de compétence, suis-je préparé mentalement et physiquement, quels sont les risques ? La liste des questionnements est interminable car l'océan est toujours une bête changeante. Tout le savoir-faire et l'expérience requis pour prendre ce type d'images est le fruit de nombreuses années de pratique... tant d'heures passées dans l'océan !
Wilder Wall : Ton instant photo préféré ? Une anecdote ? Une session un peu dingue ?
Russell : Mon regard sur la photo a complètement changé il y a dix ans, tout cela à cause d'un accident, une fraction de seconde de bêtise et du manque de respect pour l'océan. Le fait de quitter la mer des yeux pendant une fraction de seconde a entraîné une jambe cassée à deux endroits, un genou disloqué et sept heures de route pour me rendre à l'hôpital local. Je recommande fortement de ne pas prendre la soi-disant marge de sécurité pour acquis et de rester loin du point d'impact sur une vague de vingt pieds sur un jetski... et aussi de boire de grandes quantités d'alcool pour soulager la douleur... C'est une autre longue histoire.
En attendant le chirurgien, j'ai pris un célèbre magazine de photographie. "Les dix meilleures images d'animaux sauvages de l'année", titrait la couverture.
Chaque photographe y était interviewé sur l'histoire derrière l'image et sur la manière dont il avait capturé ses photos primées.
Quelle découverte ! Se cacher dans les arbres pendant des jours, éviter les grizzlis, l'hypothermie, l'épuisement sous la chaleur, les équipements perdus, trois ans de préparation... voilà seulement quelques-unes des difficultés que que le photographes avaient dû endurer.
L'image numéro un, d'après les juges, était une photo d'un tigre du Bengale quittant majestueusement un étang et dispersant l'eau tout autour de lui en secouant la tête. Le photographe l'avait capturé avec un obturateur lent (flou de vitesse), créant un anneau d'eau parfait autour du tigre tout en gardant le gros chat net. Comme beaucoup d'autres photos, c'était à couper le souffle.
Souhaitant en savoir plus sur cette image, je commence à lire l'article en profondeur. Je suis alors vite déçu et quelque peu offensé pour tous les autres photographes de ce concours. Comment attribuer la première place à une photo animalière prise dans un zoo ? Comment cette photo se compare-t-elle à toutes les difficultés que les autres photographes ont endurés pour réaliser leurs images en pleine nature avec des animaux sauvages ?
Cet article a changé ma façon de regarder et de considérer mon travail photographique. 99% de mon travail, en réalité, ne sont que des moments pris au temps. Au bon endroit au bon moment, pour ainsi dire ! Il manquait une histoire à cette image, un moment... Aucune autre difficulté ou compétence au-delà du matériel et du déclencheur. Je me suis imaginé en tant que photographe dans le zoo, sirotant une limonade sous un parasol en attendant le moment "facile". En tant que photographe de surf, je veux connaitre tous les composants de l'océan et y repousser mes limites. "Comment avez-vous fait cela ?" "Dans quelle position êtes-vous pour prendre l'image ?". Des questions et facteurs essentiels bien plus importants que l'image elle-même finalement.
Wilder Wall : As-tu un "Graal" photographique ? Tu le cherches, tu l'as trouvé ou approché ?
Russell : J'ai fait tout un voyage pour essayer d'obtenir un plan en particulier. Je vous invite à découvrir le film sur ma page auteur Wilder Wall.
Wilder Wall : Nous cherchons tous l'émerveillement. Ici sur la galerie, demain sur nos murs, toi dans l’objectif ! En quoi cet émerveillement peut être utile au monde ?
Russell : Pour faire rêver les gens de tous horizons et les inspirer émotionnellement, j'aime la connexion que procure l'océan. Mes choix les plus complexes ont été tellement facile lorsque j'étais entouré d'eau salée. C'est sans doute le cas pour beaucoup d'autres personnes, une forme de connexion avec la liberté. C'est tellement agréable d'avoir une œuvre d'art photographique sur votre mur que vous pouvez voir quotidiennement, comme un rappel de quelque chose de spécial.
Wilder Wall : Un dernier conseil pour améliorer notre relation à l’environnement, à la nature ?
Russell : Ces dernières années, j'ai essayé de travailler pour des marques et des entreprises avec une excellente responsabilité sociale et environnementale. Cela a été un vrai compromis c'est le moins qu'on puisse dire, parce qu'en fin de compte, le besoin de travailler l'a parfois emporté et j'ai accepté des projets que je n'aurai pas pris si j'avais pu m'en passer. Je lutte contre cela en compensant par des collaborations non rémunérées avec des organisations à but non lucratif qui ont un objectif et un message éco-responsable. C'est ma façon d'avoir un plus grand respect pour l'environnement dans lequel nous vivons.
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